Qui étaient les Russes blancs ?

Les Russes blancs sont issus de la première vague d'émigration consécutive à la Révolution russe (1917) et à la guerre civile qui s'ensuivit (1917-1922). Unis par leur aversion envers les rouges bolchéviques, ils formaient un groupe hétérogène représentant toutes les tendances politiques de la Russie prérévolutionnaire.


Pourquoi dit-on "Russe blanc" ?

Après la Révolution d'Octobre, un petit groupe de généraux de l'Armée impériale se réfugie dans le sud-est de la Russie, sur le territoire des cosaques du Don, où ils créent une Armée des volontaires pour combattre les bolchéviques. Selon certains historiens, Lenine aurait comparé cette révolte à une nouvelle Vendée en référence à la guerre civile qui opposa, pendant la Révolution française (de 1793 à 1796), les républicains Bleus aux royalistes Blancs. Prétextant que l'objectif ultime des contre-révolutionnaires était de restaurer le tsar, l'Armée des volontaires est alors qualifiée de "blanche" par les Gardes rouges. Comme signe distinctif, le commandement de l’Armée des volontaires impose alors de mettre une bande blanche ou une cocarde blanche sur la casquette des officiers qui constituent l’essentiel de ses troupes. Les armées contre-révolutionnaires seront appelées Armées blanches, et c’est ensuite par extension qu’on nommera Russes blancs tous les Russes issus de cette vague migratoire, même ceux qui n’ayant jamais pris part aux combats. 


D'où provenaient-ils ?

Les Russes blancs étaient issus de toutes les classes sociales et de toutes les nationalités qui constituaient l’Empire russe, quoique dans des proportions différentes. Les aristocrates et les militaires étaient les plus représentés et formaient l’épine dorsale de l’émigration blanche. Si tous les Blancs étaient bien antibolchéviques, l’inverse n’était pas nécessairement vrai. Certains émigrés, comme les socialistes-révolutionnaires ou les intellectuels expulsés par Lénine en 1922, ne se considéraient pas comme des Blancs.


Que sont devenus les Russes blancs ?

Contraints à l'exil, les Russes blancs gardèrent l'espoir d'un retour rapide au pays pendant toutes les années de l'entre-deux guerres. Cette communauté, majoritairement composée d'élites sociales et intellectuelles, fera tout pour préserver son identité et sa culture en créant ainsi une véritable Russie hors-frontières. Cependant, la Deuxième Guerre mondiale et la victoire soviétique viendront anéantir tout espoir de retour, condamnant les aînés de la première génération à mourir en exil, loin de leurs racines. Les plus jeunes générations s'intégreront progressivement dans leur pays d'accueil, se mariant, se naturalisant et travaillant sans relâche pour bâtir un avenir meilleur. La seconde génération cherchera à perpétuer les traditions, tout en regardant vers l'avenir, conscients des sacrifices endurés par leurs aînés.


Quel est leur héritage ?

Malgré les difficultés rencontrées, l’émigration russe blanche a su préserver et enrichir une véritable culture russe en dehors des frontières de la Russie. Sa contribution littéraire, artistique et intellectuelle a été particulièrement remarquable, avec de nombreux artistes, auteurs et intellectuels ayant participé à l'essor d'un riche patrimoine russe à l'étranger, tels que les peintres Vassily Kandinsky et Marc Chagall, les compositeurs Igor Stravinsky et Sergei Rachmaninoff, le chanteur d'opéra Fédor Chaliapine, les écrivains Ivan Bounine (prix Nobel de littérature en 1933), Vladimir Nabokov, Alexandre Kouprine et Dimitri Merejkovski, les poètes Konstantin Balmont et Marina Tsvetaïeva, entre autres. Pour plus d'informations, voir La dispersion russe à travers le monde et son rôle culturel (Pierre Kovalesky - 1951) ou Soixante-dix ans d’émigration russe (Nikita Struve - 1996). 

>>> Plus de détails dans le premier volume Contexte d'un exil forcé.

Image : Tableau « Russes blancs. Exode ». Dmitry Anatolyevich Belyukin. 1992

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Les Russes blancs en France